Uber, le capitalisme dévoyé – The Conversation

Par  Professeur de stratégie, ESCP Europe

Une entreprise privée peut-elle durablement exister alors qu’elle accumule des pertes abyssales ? Dans une économie de marché, les sociétés les plus rentables sont supposées prospérer, alors que celles qui se révèlent incapables de créer des richesses sont censées disparaître. Il existe pourtant une stupéfiante exception à cette logique : Uber.

Des investisseurs face à de prodigieux déficits

Avec une valorisation de près de 50 milliards de dollars, la plateforme californienne de location de voitures avec chauffeur est la plus grosse des licornes, ces fameuses startup non cotées en Bourse mais valorisées à plus d’un milliard. Aux États-Unis, sa part de marché est d’environ 70 %, alors qu’elle s’enorgueillit d’être présente dans plus de 630 villes dans le monde, avec plus d’un million et demi de chauffeurs et un cumul de plus de 1,5 milliard de courses.

Pourtant, Uber vient de publier ses résultats 2017, et comme ceux des années précédentes, ils sont absolument catastrophiques. Uber a subi une perte de 4,5 milliards de dollars, pour un chiffre d’affaires de 7,5 milliards. Sur les quatre dernières années, ses pertes cumulées avoisinent désormais les 10 milliards. Pourtant, cela n’a pas empêché le Japonais Softbank d’y investir en décembre dernier un peu plus de 10 nouveaux milliards, qui s’ajoutent aux 12 milliards déjà levés depuis la création de l’entreprise en 2009.

Parmi ses autres investisseurs, on compte notamment les banques Goldman Sachs et Morgan Stanley, le courtier Fidelity, ainsi que le fonds souverain saoudien. Comment des capitalistes a priori aussi avisés peuvent-ils renouveler leur soutien à une entreprise aussi prodigieusement déficitaire ?

Pour lire la suite de l’article cliquez sur le titre de l’article!

CatégoriesESS